Le crowfunding, un bon plan?

Vous avez le talent, ils ont l’argent


ÉCRITURE • Pour se faire éditer, des auteurs recourent au crowdfunding:ils cherchent auprès des internautes le moyen de financer leur création. Un bon plan?
Né dans les années 2000, le crowdfunding s’étend dorénavant à tous les domaines culturels. Derrière cet anglicisme difficile à prononcer se cache une idée novatrice, celle de faire participer les internautes au financement d’une œuvre ou, plus particulièrement pour ce qui nous intéresse ici, d’un livre.
Le premier site à s’être lancé dans l’édition participative en France a été le géant My Major Company Books, déjà très actif et ancré dans le milieu musical (souvenez-vous du chanteur Grégoire), suivi par M@n créé par l’éditeur Léo Scheer et l’ancien PDG de TF1 Patrick Le Lay, puis Bookly Editions lancé en 2012 et soutenu par le groupe Prisma Media.
Cette nouvelle manière d’être financé fait-elle émerger de nouveaux talents et permet-elle d’éviter l’écueil sévère des comités de lecture? «Les maisons d’édition traditionnelles sont incapables de lire tous les manuscrits qui leur sont envoyés, la très grande majorité est refusée sous le prétexte facile qu’ils ne rentrent pas dans la ligne éditoriale», explique Alexandre Billaud, cofondateur de bookly.fr. Sur ce site, les lecteurs décident sur quels projets miser sans que le livre ne passe par un comité. «Tout le monde part à égalité», poursuit Alexandre.

Chef-d’œuvre ou buzz?

Du côté des jeunes écrivains, l’avis sur ce type de financement est plutôt mitigé. «Si les lecteurs sont là pour investir, c’est qu’ils ont apprécié l’ouvrage. Donc, quand l’auteur amasse assez de fonds pour publier son travail, il sait qu’il a de grandes chances de se vendre, la communauté est derrière lui», affirme Tiffany Schneuwly, jeune auteure fribourgeoise.
Pour Krystel Jacob, auteure jeunesse qui vient de publier L’Equation amoureuse à trois inconnues, l’avis est moins favorable. Même si elle reconnaît l’intérêt des sites d’édition participative, elle émet une réserve: «La littérature demande un effort de jugement plus conséquent que pour la musique. J’ai peur que les internautes ne le fassent pas et que cela demande à l’auteur de faire un gros buzz pour réussir à financer son projet.»
Aëla Liper, écrivaine de 27 ans, a tenté de faire éditer son livre Enquêtes, coup de cœur et chocolat via les sites My Major Company Books et Octopousse. Malheureusement, elle n’est pas encore parvenue à réunir la somme nécessaire à la publication de son ouvrage: «J’ai voulu tenter ce type d’édition mais très peu de livres sont publiés par année, j’ai donc renoncé et me suis tournée vers les maisonstraditionnelles.»

A la recherche du talent

Mais l’édition participative possède tout de même de sérieux atouts pour les écrivains en herbe: «Le site n’est pas qu’une simple vitrine, c’est une vraie communauté qui se mobilise autour d’auteurs et de potentiels best-sellers. Nous souhaitons vraiment dénicher des talents sans parti pris», affirme Alexandre Billaud.
Le débat se creuse donc pour savoir si cette formule juge l’œuvre par la qualité de son contenu ou si les internautes répondent uniquement à l’appel du buzz. Laisser les internautes décider? Tiffany, qui a déjà publié Le requiem d’un soupir par l’intermédiaire d’une maison d’édition, ne s’oppose pas à cette manière de faire: «Pourquoi ne pas essayer un jour? Je pourrais être tentée!»I


Et vous, que pensez-vous de cette manière d'être édité?



Cet article est paru dans la Liberté le vendredi 22 juin 2012 .Je l'ai rédigé sous mon vrai nom et il a été illustré par Isabelle Clément, une dessinatrice que j'adore!

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